Une patiente funambule / vulnérabilité et résilience
- christellerioual1
- 17 mars
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mars
✨C'est une funambule qui avance, suspendue entre la vie et le vide.
✨Elle est lumineuse et donne le change. Elle a l'air d'avoir tellement confiance en elle et pourtant.
✨Elle est à la fois forte et vulnérable, portée par une résilience impressionnante mais enfermée dans un équilibre précaire.
Je sais de suite qu'elle s'est construite sur ses blessures, qu'elle avance presque par automatisme, sans vraiment croire qu'il existe autre chose que ce fil sous ses pieds.
✨Elle a peut-être même oublié qu'il y avait un début et qu'il pourrait y avoir une fin différente que la chute.
✨Ce qui m'interpelle vraiment : c'est qu'elle n'attend rien de moi parce que sa seule attente réside en la goutte d'eau.
✨Comme si elle savait que quelque chose allait céder, comme si elle le souhaitait presque.
Pas par faiblesse, mais bien plus parce qu'elle ne sait pas ce que serait la vie autrement.
✨J’imagine que si elle acceptait vraiment que je l'aide, il faudrait d’abord l’amener à voir qu’il y a autre chose que ce fil.
Lui faire ressentir qu’elle a le choix, que le vide n’est pas une fatalité, que sous elle il peut y avoir un sol, une terre ferme.
✨Peut-être même lui faire imaginer qu’elle pourrait descendre de ce fil sans tomber, mais en douceur, en décidant elle-même de la suite.
Cette femme, elle a tout en elle, mais elle ne le sait peut-être pas encore.
✨J'étais là dans toute ma présence, dans un espace où elle pouvait exister sans avoir à justifier sa place.
✨J'étais comme un écho bienveillant qui lui renvoyait autre chose que la honte et la culpabilité, qui lui murmurait que parler n’était pas une faute mais un acte de courage.
✨A moi de lui faire ressentir son propre poids, non pas comme un fardeau, mais comme une preuve qu’elle est bien là, qu’elle occupe une place légitime.
Peut-être qu’on travaillerait sur ce fil qu’elle arpente. Est-il vraiment aussi fin ? Ou est-ce une illusion, une construction de tout ce qu’on lui a fait croire ?
Peut-être que sous ses pieds, il y a déjà une passerelle, solide, mais qu’elle n’a jamais osé la regarder.
✨Et puis, cette honte qu’elle porte, est-ce bien la sienne ?
Ou est-ce celle qu’on a voulu lui faire porter ?
Celle qu’on a déposée sur ses épaules, comme un manteau trop lourd, cousu de mots qui ne lui appartiennent pas ?
✨Alors, je l'invitais à le retirer, ce manteau.
À le voir pour ce qu’il est : une construction extérieure, pas une vérité intérieure.
✨Avec elle, j'explore cette question du mérite. Pourquoi croit-elle qu’elle n’a pas droit à la lumière ? Qui lui a fait croire qu’exister, c’était déjà trop ?
Si elle devait parler à la femme qu’elle était avant tout ça, que lui dirait-elle ?
Je serais là pour lui rappeler que ce qu’elle a traversé ne la définit pas. Qu’elle n’est pas juste cette femme qui a dénoncé, qui a survécu. Elle est aussi tout ce qu’elle peut encore devenir.
✨Et si un jour elle pouvait se voir autrement, juste un instant, elle comprendrait peut-être que le fil n’a jamais été aussi fragile qu’elle le pensait. Que c’est elle qui le rendait solide, par sa force. Et que cette force, elle pourrait aussi la mettre au service de sa propre liberté.
Elle compris qu'il faudrait plusieurs séances mais c'est bien enfin la valeur qu'elle se donne.
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