Le syndrome du gisant / mémoire cellulaire d'un mort, décédé en lien avec mon arbre généalogique.
- christellerioual1
- 10 mars
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 mars

Une Exploration Profonde à Travers les Mémoires Familiales et Professionnelles
Le syndrome du gisant est une notion fascinante qui émerge des mémoires inconscientes et des dynamiques familiales souvent non résolues.
Il porte une charge symbolique importante, liée à des histoires non racontées, des pertes subies ou des parts de soi laissées en suspens.
À travers les cas que j'ai accompagnés, j’ai observé combien ce syndrome peut se manifester à travers des comportements répétitifs, des blessures émotionnelles et des blocages profonds.
Un aspect essentiel de ce travail consiste à comprendre que ces problèmes ne sont pas seulement psychiques, mais qu’ils sont ancrés dans des mémoires cellulaires, des héritages invisibles qui se transmettent à travers les générations.

Le Syndrome du Gisant : Une Présence Absente
Le terme "gisant" évoque l'image d'une personne morte mais qui reste présente, figée dans une posture qui symbolise une absence.
C’est une image qui résume bien cette sensation d’être à la fois "vivant" et "mort", une dualité inconsciente qui peut se transmettre par le biais de l’histoire familiale, des prénoms, des situations ou même des métiers.
Par exemple, des personnes qui portent des prénoms chargés de symbolisme, comme "Denis" (qui peut évoquer un lien avec un jumeau perdu), ou "Thomas" (qui signifie "jumeau"), peuvent ressentir une profonde séparation non réglée. C’est un phénomène où une part d’eux-mêmes semble être "partie", comme un éclaireur, mais la mémoire de cette absence reste très présente dans leur corps et leur esprit.

L’Étymologie des Prénoms : Des Indices Cachés
Prenons un exemple concret : une femme vient me consulter pour des douleurs liées à l’endométriose.
Elle a deux enfants, Denis et Thomas.
Lorsqu’on l’interroge sur sa propre naissance, elle parle de sa mère comme d’une "tombe", évoquant un silence lourd.
Pourtant, l’étymologie de "Thomas", qui signifie "jumeau", nous donne déjà une piste : cette femme n’était probablement pas seule dans le ventre de sa mère.
Elle aurait pu avoir un jumeau qui est parti trop tôt, créant une séparation douloureuse, dont les répercussions se répercutent jusque dans sa vie adulte. En creusant un peu plus, on se rend compte que sa relation avec son mari est marquée par un sentiment de profonde solitude, comme si elle n’était jamais réellement vue ou reconnue.
Ce n’est pas simplement une question de regard, mais une question de place.
Elle porte en elle l'absence de son jumeau et, par extension, une absence de reconnaissance et d'attention de la part de son père, qui aurait voulu avoir un garçon. Ces histoires, bien qu'invisibles, nourrissent son quotidien et influencent ses choix, ses relations et même sa santé.

Les Métiers Comme Résonance des Mémoires Familiales
Ce qui est fascinant, c’est que ces dynamiques inconscientes se reflètent également dans les choix professionnels.
Par exemple, dans le cas des personnes touchées par le syndrome du gisant, on observe souvent des métiers liés à l’alimentaire, au soin ou à la mort, comme les métiers de "soi-niant" ou de "soignant", ou encore les métiers liés à la thanatopraxie.
Ces professions peuvent symboliser une tentative inconsciente de rétablir un équilibre, de nourrir ce qui a été perdu, de soigner une blessure invisible ou de gérer une perte non résolue.
Dans le cas d’un thanatopracteur, par exemple, il est fascinant de voir comment la personne peut être en contact constant avec la mort, tout en étant elle-même victime de ce syndrome inconscient.
Ce travail est un paradoxe : il s’occupe des corps après la mort, mais est lui-même en quête de réconciliation avec la perte, qu’elle soit ancienne ou plus récente.
Libération et Transformation : L’Impact du Travail Thérapeutique
Lorsqu’on explore ces mémoires et qu’on les met en lumière, les effets sont souvent spectaculaires.
Un travail thérapeutique bien conduit peut permettre à la personne de se libérer de ces vieux schémas et de trouver des moyens de vivre autrement.
Dans le cas du thanatopracteur que j'ai accompagné, il a commencé à libérer une tension psychologique importante. Le besoin compulsif de parler pour occuper le vide a diminué, tout comme l’envie de fumer après un embaumement.
En se reconnectant à ses propres ressentis, il a pu se libérer de cette notion de "dette" ou de "manque", ce qui a eu des répercussions non seulement sur sa santé, mais aussi sur ses relations.

Dans sa relation de couple, par exemple, il est devenu moins étouffant. Cette transformation a ouvert un espace de réciprocité et d’ouverture, permettant à la relation de respirer. Au lieu de porter sur ses épaules l’idée de "rendre ce qu’il reçoit trop", il a trouvé un nouvel équilibre. Ce changement, aussi subtil soit-il, a permis de déconstruire une dynamique de pression, où il ne se sentait plus obligé de "donner" en excès pour compenser ce qu'il percevait comme un vide.
Le Pouvoir des Ressentis : Une Voie d’Accès à la Guérison
Ce travail thérapeutique est d'autant plus puissant lorsqu’il s’appuie sur les ressentis et les mémoires corporelles.
Plutôt que de se concentrer sur des preuves extérieures, la personne est invitée à se reconnecter à ce qu'elle ressent dans son corps, à revivre certains moments de sa vie, comme la période in utero ou la séparation avec son jumeau.
L’inconscient, à travers ces images et sensations, permet de guérir des blessures anciennes et de redonner de la place à ce qui a été perdu ou oublié.
En éliminant la "dette imaginaire", en libérant la pression de devoir rendre ce qui a été donné, la personne trouve un nouvel espace de liberté, tant émotionnelle que relationnelle.
Et cet espace ne concerne pas seulement sa relation avec l’autre, mais aussi sa relation avec elle-même, et la manière dont elle vit son propre corps, son histoire et ses ressources intérieures.
Conclusion : Se Libérer du Passé pour S’ouvrir au Présent
Le syndrome du gisant nous rappelle qu’il est essentiel de comprendre et d’accepter nos racines, nos absences, et ce qui reste en nous d’invisible.
En travaillant sur ces mémoires, sur ces symboles cachés dans nos prénoms, nos métiers, nos relations, nous pouvons dénouer des tensions profondes et permettre à la personne de se reconnecter à son potentiel.
Cela demande du temps, de la patience et une volonté de s’aventurer dans les méandres de l’inconscient, mais les résultats peuvent être profondément transformatifs.
La guérison passe par la reconnaissance de ce qui a été perdu et par le lâcher-prise de ce qui ne nous sert plus. En retrouvant la sécurité intérieure, en réécrivant son histoire à partir de ce que l’on ressent et non de ce que l’on nous a dit, on ouvre la voie à un avenir plus serein, plus authentique et plus épanouissant.
Comments